12/18/2008

un produit vivant


Un grand chaudron, un corps gras, de la soude, du feu et la sueur des hommes : tel est le secret de ma fabrication.
Les maîtres savonniers appelés aussi « maîtres du feu » conservent jalousement leurs recettes.
Je suis une matière vivante qu’il faut choyer tout au long des étapes de ma fabrication.
Autrefois les maîtres savonniers goûtaient ma pâte pour s’assurer que la « cuite » était réussie.
Aujourd’hui ma fabrication n’est plus empirique depuis la découverte de la saponification par les chimistes Chevreul et Merklen au siècle dernier.
Mon apogée se situe entre 1885 et 1920. Je deviens alors incontournable.
Petit cube apprécié pour sa qualité, je sers à tout laver : le corps, le visage, les dents.
Je suis le fidèle compagnon des lavandières qui me font mousser au lavoir, je fais des bulles, je sens bon…
Pendant la dernière guerre je me suis fait rare, alors les ménagères essayèrent de me fabriquer avec les moyens du bord : du suif, du lierre, de la soude. Mais souvent cette mixture était décevante. A cette époque un morceau de savon servait de monnaie d’échange pour se procurer de la nourriture dans les campagnes.